Degré de confiance à accorder à l'information : 3 Abréviation : 2430-Bataille de Crécy 26 aout 1346 à Crécy en Ponthieu (80) Type : Etablissement ou personne dépositaire de l'information : Numéro d'identification : Support des données stockées : Internet Note : La bataille de Crécy oppose à partir du milieu de l'après-midi du 26 août 1346 l'armée du royaume de France à une armée venue d'Angleterre pour saccager et piller les terres proches des rivages de la Manche. Cette bataille violente et sanglante où les monarques respectifs, Philippe VI de Valois et Édouard III, sont présents et actifs, se conclut au soir du second jour par une victoire écrasante de l’armée anglaise, pourtant en infériorité numérique, sur la chevalerie et l'infanterie française et de ses alliés, qui accusent des pertes catastrophiques du fait de l'indiscipline et des lacunes de commandement. Cette grande bataille marque le début de la guerre de Cent Ans et le surprenant retour d'une technique traditionnelle d'archerie. L'après-midi du 26 août, l'armée française débouche de la route d’Abbeville en désordre. Il est trois heures de l'après-midi et un orage qui menaçait depuis quelque temps éclate. Mais les soldats surexcités par l'approche, impatients d'en finir se ruent vers les hauteurs où stationnent les Anglais prudents. Le roi Philippe VI ne parvient pas à faire appliquer son ordre de reporter le combat au lendemain. Les premiers escadrons reçoivent l'ordre de Philippe VI et s'arrêtent à temps. Et c'est alors que la bataille tourne à la confusion. Les escadrons suivants voient les autres soldats stoppés, et, s'enthousiasmant, ils se mettent à crier et à accélérer la cadence pour arriver les premiers devant les Anglais. Personne n'entend les ordres répétés du roi de France, et les soldats à l'arrêt sont entraînés par les autres dans une sorte de folie générale. Philippe VI lui-même, gagné par la contagion de démence, pointe son épée en l'air et hurle : « Je vois mon ennemi, et par mon âme, je veux l'affronter ! ». Philippe VI envoie alors les arbalétriers génois entamer le combat mais leurs armes ont souffert de la pluie : les cordes en cheveux sont humides et perdent de leur puissance alors qu'une corde rustique en chanvre, celle des longs arcs traditionnels gallois, gagne en dureté lorsqu'elle est mouillée. Les arbalétriers génois ne peuvent lancer que des traits sans force et sans précision, alors que les archers gallois continuent les tirs en l'air pour arroser un secteur choisi par un guetteur haut perché sans souci de précision. Les Génois sont épuisés par leur marche avec cette arme lourde et encombrante alors que les archers gallois n'ont qu'à détendre leurs arcs. De plus, ils ne tirent qu’à une cadence de 4 coups par minute, et enfin, la précipitation de la bataille les envoie démunis de leurs pavois, qui sont leur seule protection, restés dans les bagages en arrière. Malgré une idée traditionnellement répandue, il est possible que canons ou autres bombardes n'ont pas été employés à Crécy : peut-être ont-ils joué un rôle mineur, uniquement pour contrer psychologiquement les charges renouvelées de chevalerie française. En effet, les seules mentions de ces armes sont faites par le florentin Giovanni Villani, qui rapporte ces événements quelques mois après la bataille dans sa Nuova Cronica. Ainsi, dit-il, « le roi d'Angleterre disposa ses très nombreux archers qui sur les chariots, qui en dessous, armés de bombardes qui tiraient des petites balles de fer avec du feu » (XIII 67). Lesquelles bombardes, continue l'auteur, « produisaient un tel boucan que l'on aurait dit que Dieu lui-même tonnait, causant de nombreux morts parmi les soldats et abattant de nombreux chevaux » (XIII 68). Giovanni Villani n'ayant pas assisté à la bataille, Froissard ne mentionnant ces canons que dans la deuxième édition de son texte et les Grandes Chroniques étant postérieures de près d'un siècle aux événements, il est difficile de tenir compte de ces témoignages. Du côté anglais, aucun chroniqueur ne mentionne d'armes à feu. À la logique des faits il serait possible que nulle bombarde n'ait été utilisée : Édouard III faisait retraite après une campagne éclair de pillage, et il apparaît peu sensé qu'il se soit encombré de lourdes bombardes difficilement transportables à travers les gués des fleuves et les marais de la baie de Somme, sans avoir à les démonter et remonter, a fortiori pour une campagne rapide comme celle-là. Toutefois, même si la surprise dans les rangs français et la terreur de la chevalerie face à ces armes nouvelles doivent en être atténuées, l'ost français avait utilisé ces mêmes bombardes en 1324 lors de la campagne de Guyenne. Les Génois aussi mal protégés sous la pluie d'orage inoffensive que sous la pluie de flèches galloises régulièrement mortelles hésitent, se replient puis s'enfuient loin des Anglais. Croyant à une trahison, le roi Philippe VI ordonne aux chevaliers français qu'ils tuent les mercenaires fuyards. Dans leur enthousiasme dément, ceux-ci chargent leurs propres alliés. Ils poursuivent sur les lignes anglaises, mais les traits d'arbalètes les déciment et ils s'empalent sur les pièges placés la veille. La suite pour les Français n'est qu'une succession de charges inutiles et meurtrières, sans cohérence ni commandement d'ensemble. Jusque tard dans la nuit fraîche sous un ciel étoilé, les Français effectuent sans succès une quinzaine de charges, brisées par les archers gallois. Ceux-ci, au nombre de 6 000, avec leur arc long anglais tirant chacun de 6 à 12 flèches à la minute (soit 36 000 à 72 000 flèches), noient sous une grêle de flèches les Français, dont les chevaux ne sont pas encore protégés, ou mal. Cependant, après le lever du jour, un assaut français plus organisé, mené par le duc d’Alençon, frère de Philippe VI, atteint la première ligne d'archers gallois qui au corps à corps, face à des chevaliers au grand galop, ne peut résister. Les chevaliers français en rage commencent un terrible massacre ; les archers, horrifiés par le carnage dans leurs rangs, reculent en désordre. La réponse est consignée dans les registres littéraires. Il est évident que les troupes britanniques serrent les rangs. Deux corps voisins viennent en renfort et s'efforcent de repousser l'offensive, puis de la diviser. Ainsi, après avoir traversée la ligne d’archers, l’attaque du duc d’Alençon se heurte à des gens d’armes et aux chevaliers anglais. Cernés de toutes part, les chevaliers français épuisés par le poids de leur armure, aveuglés par le soleil et déshydratés par la chaleur estivale, restent isolés et subissent de lourdes pertes car leurs chevaux sont d'abord abattus par les archers. Ainsi la seule réelle percée de la chevalerie française finit à pied, massacrée sous le nombre des adversaires. Parmi les morts se trouve l'imprudent duc d’Alençon tué sous son cheval. Semble-t-il bien avant midi, le roi de France blessé par un projectile suit les conseils du comte de Hainaut et abandonne le champ de bataille où s'amoncellent chevaliers massacrés et chevaux transpercés. Avec une petite escorte il demande asile au château de Labroye quelques lieues plus au nord. La scène est restée célèbre : blessé au visage, effaré par cette catastrophe qu'il n'avait pas prévue, il appelle : « Ouvrez, c'est l'infortuné Roi de France ! » Sur le champ de bataille, les actes de vain héroïsme se succèdent, dont celui de Jean Ier de Luxembourg, aveugle, qui charge entouré de ses gens sur son cheval lié par la bride à ceux de sa maison. Cette bataille marque la fin de la guerre dite de tradition « courtoise ». Mais n'oublions pas que la narration littéraire courtoise n'a rien à voir avec le monde concret de la guerre et de la domination politique, si ce n'est qu'elle est porteuse d'un imaginaire sublimé des actes et des pensées. Édouard III a désormais les mains libres pour remonter vers Calais, et assiéger la ville. Le long siège de Calais ouvre véritablement la guerre de Cent Ans, une guerre longue où le vainqueur du moment et du lieu s'appuie sur un réseau de villes places-fortes en extension et un pillage dévastateur des campagnes.
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