Noblesse et Armoiries

 

Les origines de la seigneurie de Farreyrolles sont mal connues. Il s’avère qu’au XIIIième siècle toute la région était dans la mouvance du duché de Mercoeur (34). Cependant, Pêtre-Jean de Rigal et ses deux frères rendent hommage au roi en 1669, pour leur seigneurie de Farreyrolles, "qu'ils tiennent en toute justice, haute, moyenne et basse" (12). Leurs descendants feront de même en 1723. Les seigneurs de Farreyrolles prouvent que leur noblesse remonte au moins à 1520 et sont alors maintenus dans leur noblesse par ordonnance du roi. La seigneurie est inscrite au droit coutumier et relève en appel de la sénéchaussée de Riom (15). La famille appartient donc à la noblesse dite d'extraction qui est comprise dans la noblesse immémoriale, c'est-à-dire que les titres d’anoblissement sont perdus dans la mémoire des temps, mais sa noblesse n'est pas contestée (16).

Sous l'Ancien Régime, le seigneur de Farreyrolles est donc seul maître sur ses terres, il a un rôle de juge, est exempt de taille, de banalité et de corvée. Outre les privilèges financiers, le noble jouit de nombreux autres avantages: il a seul le droit de se qualifier d'écuyer, de chevalier, de porter l'épée, il a préséance sur les roturiers, il est exempt du logement des gens de guerre, enfin, seuls les nobles peuvent entrer dans les écoles militaires. En revanche, ils ne peuvent faire de commerce (sauf le commerce maritime) ni exercer de métier (sauf celui des armes, de time) sans déroger (4).

Les armoiries ne sont pas réservées aux familles nobles, mais le droit de les porter s'achetait jusqu'en 1709. Ainsi, toutes les familles portant des armoiries sont-elles enregistrées dans les armorials, qui permettent d'éviter toute usurpation. L'ornementation du blason, riche en symboles, obéit à des règles très strictes. Seules les familles nobles peuvent timbrer leurs armoiries, c'est-à-dire entourer l'écu d'une couronne ou d'ornements divers (4).

Jusqu'en 1600, les Rigal portent "d'azur à la fasce d'or, chargée d'une corneilhe naissante de sable membrée de gueules", puis, fiers de l'union de leur famille à la maison d'Apchier du Gévaudan, ils ajoutent à leur blason les armes de cette puissante famille. Le nouveau blason se décrit alors ainsi: mi parti: au premier d'azur à la fasce d'or, chargée d'une corneilhe naissante de sable membrée de gueules; au deuxième les armes de la maison d'Apchier: "d'or, à trois tours de gueule massonées de sable les deux aches d'armes d'azur posées en pal". Le blason est timbré d'un casque "qui est d'acier timbrée à profil embely de lambrequins portant leur couleur et métaux" (17, 18 voir photo). Le lambrequin était à l'origine un volant de tissu fixé sur le haume comme couvre-nuque. Il devint un élément décoratif traité à partir du XVIIème siècle en rinceaux ornementaux aux couleurs du blason (19), comme c'est le cas ici. Le casque regarde vers la gauche (pour les bâtards il est tourné vers la droite) et est ouvert (le casque fermé caractérise le nouvel anobli).

 

En principe, seul le chef de famille porte les armes pleines; les cadets et même le fils aîné (jusqu'à l'héritage) doivent briser leurs armes, soit par changement de couleurs, de charges (motifs), ou par toute autre modification du blason. Cela explique le fait que Pierre Jean Ier, inscrit en 1701 dans les brevets originaux de l'armorial d'Hozier, porte des armes légèrement différentes de celles de ses aïeux: au premier de gueules, à la fasce d'or, chargée d'une aigle de sable; au deuxième d'azur chargé d'un cygne d'argent becqué et membré de gueules tenant une croisette d'or (20). Le cygne d’argent correspond probablement aux armes des Recodère.

Lorsqu’en 1716 Pierre Jean Ier appose son sceau sur son testament mystique, ce dernier figure uniquement l’aigle éployé sur fond de gueules à la fasce d’or. L’écu, de forme circulaire, est timbré de deux griffons et d’une couronne qui paraît être vicomtale (4, 41)